Depuis le 1er janvier 2021, les poussières de silice cristalline sont classées cancérogènes. Plusieurs secteurs d’activités sont exposés à ce risque. Les verriers sont parmi ceux-ci.
La silice existe à l’état libre sous différentes formes cristallines ou amorphes, et combinée à d’autres oxydes dans les silicates. On trouve de la silice cristalline dans de nombreuses roches : granite, grès, sable, etc.
Divers matériaux contiennent de la silice cristalline : béton, mortier, verre, etc. Plus de 300 000 travailleurs en France sont exposés aux poussières de silice cristalline.
On les retrouve dans plusieurs secteurs d’activités : bâtiment et travaux publics, fabrication de produits minéraux, industries extractives, travaux agricoles, professions diverses : prothésistes dentaires, paysagistes, cuisinistes…
Principales situations de travail exposées à la silice cristalline :
ponçage, perçage, tronçonnage, découpe de matériaux, opérations de piquage, burinage, sablage à sec, rabotage, décapage, fraisage, fabrication à l’aide de matériaux siliceux, filtration des vins (ouverture des sacs de terre de filtration et remplissage des bacs), nettoyage de chantiers.
Les poussières de silice cristalline sont désormais classées cancérogènes. Une directive européenne du 12 décembre 2017 classant les poussières de silice cristalline parmi les agents cancérigènes a été transposée en droit français pour une application au 1er janvier 2021.
Elle a également fixé une valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) à la poussière de silice cristalline alvéolaire à 0,1 mg/m3 pour le quartz. En outre, l’exposition de jeunes travailleurs de moins de 18 ans à la silice cristalline est interdite (dérogation possible sous certaines conditions).
Sans protection collective, ni individuelle contre l’empoussièrement, les verriers de Givors, chargés de la composition, manipulaient journellement des tonnes de sable…
Quels sont les effets sur la santé ?
Par contact :
irritations et inflammations de la peau et des yeux.
Par inhalation :
la silice cristalline pénètre dans l’organisme par voie respiratoire. Les fines poussières atteignent les alvéoles pulmonaires et s’y déposent. Une exposition répétée et prolongée sans protection à la silice cristalline favorise le développement de maladies comme une fibrose des poumons (silicose), maladie pouvant évoluer vers une insuffisance respiratoire chronique (aggravée chez les fumeurs) ;
un cancer broncho-pulmonaire ; une atteinte de l’immunité (maladie de la peau, inflammation des poumons, insuffisance rénale chronique et syndrome de Caplan).
Ces maladies peuvent apparaître à distance de l’exposition à la silice (jusqu’à 35 ans après l’exposition). Les maladies dues à la silice sont reconnues au titre des maladies professionnelles selon le tableau n°25 du régime général.
Un verrier de Givors est décédé à 66 ans « dans le service de réanimation du CHU-Lyon-Sud dans un tableau de détresse respiratoire terminale », selon le rapport médical.
Après 27 ans d’activité à la verrerie où il était affecté au secteur choix, mais en fait ouvrier polyvalent oeuvrant notamment au groisil, secteur sans doute le plus empoussiéré de l’entreprise. Si « ce patient ne présente donc pas de BPCO ni d’asthme », en septembre 2002, le même médecin établissait le Certificat Médical Initial (CMI) en avril 2003 pour la reconnaissance au tableau n°25 du Régime Général d’une silicose pulmonaire.
Reconnue par la Sécurité sociale le même mois.
En prévention, plusieurs règles d’hygiène sont à respecter. Ne pas fumer, ne pas manger, ne pas boire sur les lieux de travail. Se dépoussiérer après chaque intervention avec un aspirateur muni d’un filtre à très haute efficacité (porter une protection respiratoire au moment du changement de filtre et se placer à l’extérieur, en dehors des zones de travail ou des zones fréquentées). Prendre une douche en fin de poste. Utiliser des casiers doubles, séparés des vêtements de ville.
Une protection collective doit être mise en œuvre. Privilégier les outils automatisés associés à une captation des poussières à la source. Utiliser les outils automatisés associés à des systèmes à eau et arroser les surfaces de travail empoussiérées. Bannir le balayage à sec, nettoyer à l’humide ou à l’aide d’un aspirateur muni d’un filtre à Très Haute Efficacité (THE).
Dans le cas où la protection collective n’est pas suffisante, des mesures de protection individuelle doivent être mises en place. Vêtements de travail à manches longues fermés au cou et aux poignets. Lunettes de protection. Appareil de protection respiratoire en fonction du niveau d’empoussièrement et de la durée d’exposition. Les tâches doivent être organisées pour réduire l’effort physique et l’exposition aux poussières (plus les efforts augmentent, plus la ventilation pulmonaire s’accroît et plus le risque d’inhaler des poussières est important).
Les salariés exposés à la silice cristalline doivent bénéficier d’un suivi renforcé et d’examens complémentaires. Le service de santé au travail doit être sollicité
Sources : INRS, ANSES, ASTBTP 13, Présance Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse