La situation de l’entreprise, fortement dégradée par un niveau d’endettement ne permettant plus d’envisager un avenir pérenne, l’a poussée à mettre en œuvre une démarche d’adossement.
Une première approche, débouchant sur un accord d’exclusivité avec le fonds d’investissement HIG, prévoyait la délocalisation de 45 à 50 000 tonnes de production, vers la Russie et les Emirats arabes unis, accompagnée de la suppression de 2000 postes, dans un premier temps. Les dirigeants d’AI souhaitaient traiter ce dossier social par une reconnaissance amiante, qui aurait permis rapidement un départ en retraite anticipé pour 1873 salariés. La CGT avait alors œuvré pour faire aboutir ce projet, évitant la catastrophe pour les travailleurs.
Ce plan de reprise n’a pas été validé.
Un autre fonds, PHP, a formulé une nouvelle offre, garantissant le tonnage actuel en production, soit 220 000 tonnes, à Arques. Son ambition est de reprendre 100 M€ de chiffre d’affaires, sur le marché de l’Europe de l’ouest. Pour ce faire, des efforts de compétitivité sont demandés, avec, notamment, une économie de 23 M€ sur la masse salariale.
Un PSE est alors exigé, supprimant 556 postes dans les métiers supports et en recréant 233 en production. Les différentes mesures négociées permettent, à ce jour, de réduire le nombre de licenciements secs à moins de 200 personnes.
Sur les consultations CE concernant ce PSE, les membres élus se sont unanimement prononcés contre.
Si la CGT n’apporte pas caution à ces licenciements, il n’en reste pas moins que sa responsabilité l’a amenée à signer l’accord majoritaire – incluant le PSE – demandé par PHP.
L’entreprise évite ainsi le redressement judiciaire, fatal à des milliers d’emplois. Reste à lever une dernière clause suspensive exigée par PHP, à savoir la renonciation de la demande de reconnaissance amiante. La stratégie de développement proposée par PHP demande en effet, l’ensemble du personnel et de ses compétences, en fabrication. Faut-il s’en plaindre ?
La CGT, fidèle à ses valeurs, défendra toujours l’activité sur notre territoire, seule génératrice d’emplois. Elle portera également le combat pour la justice sociale, notamment la reconnaissance de la pénibilité. Elle demande d’ores et déjà, une négociation pour un contrat de génération, en vue de soulager les plus anciens.
Dans ce cadre et dans l’intérêt supérieur, elle renoncera donc à sa demande de reconnaissance amiante. Cela ne signifie pas que les personnes ayant été exposées et reconnues par le corps médical, ne pourront plus faire valoir leurs droits !
« Le courage est d’aller à l’idéal et comprendre le réel ». Jean JAURES