La direction de la verrerie d’Arc, près de Saint-Omer (Pas-de-Calais) a présenté jeudi matin un “plan de transformation” destiné à réduire les coûts.
Nouvelle casse de l’emploi : 350 postes supprimés
350 postes seront supprimés chez le leader mondial du secteur qui emploie 5.500 personnes sur son site d’Arcques.
Selon ses actionnaires et sa direction, la verrerie de l’Audomarrois ne gagne pas suffisamment d’argent. Pourtant de nombreux efforts ont été demandés aux salariés depuis près de 5 ans. Arc France a augmenté ses ventes de 20% depuis 2015
La direction a présenté, jeudi 10 janvier, un “plan de transformation” sur 2 ans baptisé “Synergie 2020” qui prévoit des suppressions de postes, un rallongement du temps de travail pour passer de 32 heures à 35 heures par semaine, la vente d’entrepôts et une automatisation plus grande sur les chaînes de conditionnement.
Le risque d’un dépôt de bilan
La verrerie qui emploie 5 500 personnes aujourd’hui (5 000 CDI et 500 intérimaires) doit rapidement redresser la barre sous peine de voir l’horizon s’obscurcir très rapidement.
Pour le secrétaire du CE, le délégué CGT Frédéric Specque, l’heure est grave :
La situation d’Arc est très alarmante voire très dangereuse à très court terme pour nos emplois.
Pour la CGT la société pourrait se retrouver dès le mois de mars en défaut de paiement et donc mise en redressement judiciaire.
La direction confirme ce risque mais fixe plutôt le mois d’avril comme date butoir.
La chasse aux coûts est donc ouverte : deux départs en retraite sur 3 ne seront pas remplacés en 2019, les stocks ayant fondu de 30%, il n’y a plus besoin d’entrepôts gigantesques en bord de rocade de Saint Omer, ces bâtiments seront donc vendus. Pour assurer des ventes en flux tendus, le temps de travail va passer à 35 heures.
Il était à 32 heures depuis 2002, en échange, les ouvriers n’avaient que 21 jours de congés, travaillaient la nuit, les week-ends.
Une organisation trop rigide qui pose des soucis selon le directeur général Tristan Borne :
Selon le Patronat d’ARC, Cela évitera de monter en stocks avant l’été, de diminuer la production et d’avoir des risques de rupture au mois de septembre quand la demande des produits est forte.
La direction va entamer trois semaines de négociations avec les syndicats pour une mise en place espérée de cette nouvelle organisation du temps de travail au 1er avril prochain. Un calendrier très serré, signe qu’il y a urgence.
Ventes et marges en hausse
Le bénéfice brut augmente chaque année, pour atteindre 38 millions d’euros en 2018 mais il faudrait quasiment le double, 70 millions, pour que l’usine soit rentable.
Pourtant, certains indicateurs sont au vert : les ventes ont progressé de 20% depuis 2015, les stocks ont diminué de 30% et l’arrivée de nouveaux modèles de verre et de plats à four dégage des marges plus importantes.
175 millions ont été investis depuis le rachat, dont 45 millions encore l’année passée. S’il faut reconnaitre la réalité de ces investissements des erreurs de stratégie au début de la reprise du site ont ralenti le rebond du groupe.
Par ailleurs la CGT a été motrice dans les propositions et a signé notamment un accord en 2015 permettant notamment la mise en place d’aménagement de fin de carrière et l’embauche de près de 800 emplois en CDI notamment pour les jeunes. Le dispositif prévoit qu un salarié ancien agé de 58 ans perçoive un salaire de 90% avec 100% des cotisations payés et ne travaille que 80% de son temps, en échange il forme un salarié embauché en CDI.
Le dispositif a d’ailleurs largement contribué à l’amélioration des performances du site.
Enfin le problème principal réside dans les taux d’intérêts que subit le site verrier.
les banques refusent de prêter à Arc France et c’est vers un fond de financement franco-russe que les actionnaires américains se tournent régulièrement. Or les taux d’emprunt de ce fond constitué par notamment la CDC Internationale(Fond public de l’Etat français) sont exhorbitant et à 2 chiffres, rien à voir avec les faibles taux pratiqués actuellement pour l’industrie.
La CGT et sa Fédération ont demandé au gouvernement français d’intervenir en proposant notamment :
– L’entrée de la Banque Publique d’Investissement dans le capital d’Arc International
– D’obliger les banques privées à financer ARC International à des taux de marché c’est à dire moins de 2% (Rappelons que ces mêmes banques ont été sauvées par l’argent public)
– De conditionner ces aides et cette intervention de l’Etat à l’arrêt des suppressions de postes et d’emplois
Une série de 5 réunions est programmée à partir du 15 janvier 2019.
La Fédération va interpeler le Gouvernement sur les solutions qu’il envisage pour répondre à nos propositions.