A chaque époque, le patronat nous a servi le même refrain quand aux risques économiques encourus par le pays.
En 1937 déjà, après l’obtention des congés payés, les patrons clamaient qu’il fallait remettre la France au travail. Un avant-goût du “travailler plus…”.
En amenant au débat public l’idée d’une réduction du temps de travail à 32h la CGT a bien conscience qu’elle peut paraître ” à contre courant”.
Mais le sondage Harris, portant sur cette question de réduction à 32h du temps de travail ou les sondés déclarent majoritairement travailler entre 38 et 40 heures par semaine, fait apparaitre que si les salariés craignent une dégradation de leurs conditions de travail ainsi qu’un impact sur leur rémunération possible, ils jugent indispensable une réduction du temps de travail pour améliorer leur qualité de vie.
C’est pour cela que la réduction du temps de travail doit être choisies par les salariés et non subies, comme le souhaite le patronat (précarité).
La réduction du temps de travail, doit permettre d’anticiper une rupture technologique majeure avec la révolution du numérique annoncée et éviter les catastrophes sociales prévisibles, améliorer la santé et la vie des travailleurs, permettre de relever les défis de l’emploi, de l’égalité femmes-hommes, de traités les inégalités en temps de travail, de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle, les rémunérations.
Elle doit être résolument de progrès social.
La réduction du temps de travail une idée moderne.
-Parce que la réduction du temps de travail sauvera et créera des emplois. En effet, les seules mesures créatrice d’emplois efficaces se sont les dernières lois Aubry (entre 1998 et 2002, ce sont 350 000 emplois direct qui ont été créés chiffres de l’INSEE.
– Parce qu’il faut anticiper la rupture technologique en cours. D’ici 2025, 3 millions d’emploi sont menacés par la révolution numérique. Près d’un métier sur deux sera impacté.
– Parce qu’il y a un lien direct entre le dépassement du temps de travail et les maladies graves, comme les accidents vasculaires cérébraux. La réduction du temps de travail a un impact direct sur la santé des travailleurs. Les lois nationales et les directives européennes sur la santé des salariés ont été mises en place dans cet objectif.
– Parce qu’il faut réparer les erreurs des 35 heures et ne pas tomber dans ses travers, et notamment en matière d’inégalités femmes-hommes, de temps partiel subi, de flexibilité, d’exonérations massives de cotisations sociales, de stagnation des rémunérations.
– Parce que les cadres travaillent, dans leur grande majorité, bien au-delà des 39 heures.
Réduire le temps de travail c’est nécessaire et c’est possible.
Passer au 32h, c’est poursuivre une évolution mondiale, historique.
Aujourd’hui, la durée annuelle du travail se situe autour de 1500 heures, alors qu’elle était d’environ 3000 heures en 1840.
Si c’est chiffres doivent être utilisés avec précaution, il en ressort une division par deux de la durée du temps de travail.
Il y a donc bien un mouvement séculaire de réduction du temps de travail.
Ou comme en Suède avec la semaine de 30h.
En effet la Suède n’a pas froid aux yeux en matière d’innovation sociale.
De plus en plus d’entreprise y adoptent la journée de six heures.
– Comme en 2015 ou la municipalité expérimente dans une maison de retraite ou cette nouvelle organisation du travail mis en œuvre sans réduction de salaire s’est immédiatement traduite par une diminution des temps partiels (effectués essentiellement par des femmes) et l’embauche de 14 aides-soignantes et infirmières supplémentaires.
Les effets se font également sentir sur l’absentéisme et les congés maladie, qui sont en baisse. Moins stressés, la majorité des employés avouent mieux travailler, passer plus de temps auprès des résidents.
– Autre exemple est l’usine d’assemblage Toyota ou depuis 2002 la semaine de 30h sans baisse de salaire est de mise. Le site fonctionne 12h par jour non-stop et les équipes se succèdent, sans que ni les ventes, ni les profits de l’entreprise n’en pâtissent.
La réduction du temps de travail est finançable.
– Par les emplois qui sont créés directement grâce à la RTT et qui dynamisent l’économie. La hausse de la consommation et de l’activité économique augmente les recettes de l’Etat par la hausse des revenus et de la consommation. La RTT permet des économies de dépenses liées au chômage.
– Par la mise à contribution du Capital. Il y a trente ans, pour 100 euros de salaire les entreprises versaient 7 euros de dividendes, aujourd’hui elles en versent 5 fois plus. Il y a trente ans, les dividendes versés représentaient 10 jours de travail, contre 45 jours actuellement. En 2014, les entreprises ont versé aux actionnaires 235 milliards d’euros.
– Par une meilleure utilisation des fonds publics. Le pacte de responsabilité et le CICE, qui ne donnent pas de résultats probants, coûtent 33 mds en 2016 et 41 mds en 2017.
– Par la réforme fiscale et les crédits bancaires. Aujourd’hui, le taux réel d’impôt sur les sociétés diminue avec la taille de l’entreprise ; plus l’entreprise est grande, moins elle paie, relativement à ses bénéfices, l’impôt sur ces mêmes bénéfices. Les PME ont plus de difficulté d’accéder aux crédits bancaires et quand bien même, elles obtiennent des crédits, ceux-ci sont 1.5 point de pourcentage plus cher que celui des grandes entreprises.
Réduire le temps de travail, c’est bon pour la santé.
Le mal travail coûte 80 milliards d’euros, 4 points de PIB par an à notre économie. A comparer aux 14 milliards de déficit de la Sécurité sociale.
Dans ce mal travail sont comptabilisés les accidents du travail et maladies professionnelles pourtant sous-déclarés mais aussi l’ensemble des malfaçons, des rebuts et autres gâchis que chaque salarié peut constater tous les jours au travail.
Dans ce mal travail, il y a également parfois et de plus en plus souvent, le coût des catastrophes tels les prothèses mammaires PIP, la viande de cheval dans les lasagnes, ou plus grave, AZF à Toulouse qui est la conséquence d’une organisation du travail en sous-traitance.
La réduction du temps de travail doit donc être un enjeu revendicatif à construire avec les salariés en cohérence avec une nouvelle organisation du travail.
C’est ce que la CGT porte dans sa proposition revendicative de réduction du temps de travail.